L'Art chez ARISTOCLES-PLATON

PLATON : Un artiste ! Dramaturge
Le dialogue socratique et la maïeutique
Duos, Trios, Quatuors.. Quintettes...
La recherche de la vérité par la dialectique
La poésie
Une rhétorique méandreuse
De koi ki cause PLATON ?

L'Art et l'Esthétique, le conservatisme
L'Art sera othodoxe ou ne sera pas !
Peintres et Sculpteurs : des ignorants
L'esprit de système

Théorie de la Mimésis,
Platon chasse les artistes de sa Cité idéale
La vraie beauté est intelligible et non sensible.


PLATON : Un artiste !

Le penseur est doublé chez Platon d’un incomparable artiste que la Muse a doué de tous les dons, enthousiasme du beau, imagination puissante, faculté de sortir de lui-même et de créer des types de toute espèce, fantaisie ailée, ironie fine et légère.
Il avait débuté par faire des tragédies.

Il était en effet merveilleusement doué pour l’art dramatique et non seulement pour la tragédie, mais aussi pour la comédie et la satire des ridicules.

Le dialogue socratique et la maïeutique

Il n’est donc pas étonnant qu’il ait choisi pour exposer ses idées la forme du dialogue.

Il imitait d’ailleurs en cela son maître Socrate, infatigable questionneur, qui ne pratiquait pas d’autre méthode que l’investigation par demandes et par réponses, et qui, jusque dans son procès, interroge Mélètos et le force à répondre.

Platon n’a pas conçu d’autre méthode que la dialectique socratique, et il l’a gardée toute sa vie, même lorsque, semble-t-il, une exposition suivie, moins longue et plus claire, eût donné à ses démonstrations plus de force et de netteté.

Duos, Quatuors, Quintettes,...

Il commença par des dialogues très simples, à deux personnages.
Tels sont les deux Hippias, les deux Alcibiade, le Criton, l’Euthyphron.

Puis il y introduisit plusieurs répondants, dont chacun soutient un point de vue différent.
C’est ce que nous voyons dans le Lachès, le Charmide, le Lysis,

et enfin les interlocuteurs se multiplient, comme dans le Protagoras et le Gorgias,
et le dialogue devient un drame considérable en plusieurs actes.

La recherche de la vérité par la dialectique

Le fond en est toujours une question philosophique, et le but, la recherche d’une vérité au moyen de la dialectique.

Cette dialectique est souvent subtile et demande pour être suivie une attention soutenue.

Tel dialogue, le Parménide entre autres, est d’une lecture pénible et rebutante, et il n’est guère de dialogues où la discussion du problème mis en question n’exige un gros effort d’attention.

Platon se joue avec aisance dans les abstractions ; le lecteur ordinaire s’y sent moins à l’aise.

Mais il est récompensé de sa peine par tous les agréments dont un poète à la fois lyrique, dramatique et satirique peut égayer son oeuvre.


Quelquefois, comme dans le Gorgias, le dialogue s’engage entre les interlocuteurs sans aucune préparation.
Mais généralement l’auteur expose les circonstances qui l’ont amené et décrit le lieu de la scène, et il le fait avec un naturel si parfait, avec des touches si justes qu’on croit voir les personnes et les lieux, qu’on en est charmé et qu’on se sent engagé d’avance à écouter les personnages pour lesquels l’auteur a si vivement éveillé notre sympathie ou notre curiosité.

 

La poésie

 


Quoi de plus gracieux et de plus délicat que le début du Lachès, du Charmide et du Lysis ?

Quoi de plus animé, de plus pittoresque, de plus convenable au sujet que les scènes et les descriptions par lesquelles s’ouvrent le Protagoras, le Phèdre, le Banquet, la République ?


Vient ensuite la discussion du sujet. Elle est distribuée en plusieurs actes, séparés par des intermèdes, ou marquée, comme dans le Lachès, le Charmide, le Gorgias, par des changements d’interlocuteurs.

Et ces intermèdes, outre le charme qu’ils ont en eux-mêmes, offrent encore l’avantage de reposer l’esprit d’un débat généralement aride, et de rafraîchir l’attention.

Les citations de poètes, en particulier d’Homère, les discours des adversaires de Socrate, notamment des sophistes, toujours avides d’étaler leur éloquence, les discours de Socrate lui-même, les mythes où son imagination se donne carrière contribuent aussi à égayer la discussion.

Une rhétorique méandreuse

Elle est souvent lente et sinueuse, et ce n’est pas sans raison que ses longueurs impatientaient Montaigne.

Nous l’aimerions, nous aussi, plus ramassée et plus courte ; mais c’est notre goût, ce n’était pas celui des Grecs.

D’ailleurs un dialogue ne suit pas la marche d’une exposition suivie.
On y effleure en passant d’autres questions qui se rapportent plus ou moins étroitement au sujet principal, et Cousin a pu dire que chacun des grands dialogues de Platon contenait toute une philosophie.

 

De koi ki cause PLATON ?

Aussi est-il parfois assez difficile de déterminer nettement l’objet de certains dialogues, dont l’unité n’a pas la rigueur qui nous paraît nécessaire à nous modernes.

D’autres, et ils sont assez nombreux, restent sans conclusion.

Ce n’est pas que la recherche qui en fait le sujet conduise au scepticisme ; c’est que Platon a simplement voulu réfuter des opinions courantes et déblayer le terrain, se réservant de l’explorer à fond dans un autre ouvrage.

C’est ainsi que le Ménon continue et achève le Protagoras et que le Théétète trouve sa conclusion dans le Timée.

 


L'art et l'esthétique, le conservatisme

L’esthétique de Platon dépend aussi de la théorie des Idées et de la morale et de la politique qu’il en a tirées.

Les Idées sont immuables et éternelles.
Puisque nous devons nous régler sur elles, nos arts seront comme elles immuables et à jamais figés.

Et Platon n’admet en effet aucune innovation, ni dans la poésie, ni dans les arts.
L’idéal une fois atteint, il faudra s’y tenir ou se recopier sans cesse.

 

L'Art sera othodoxe ou ne sera pas !

L’art n’aura d’ailleurs d’autre liberté que de servir la morale et la politique.
« Nous contraindrons les poètes, dit Platon (République, 401 b), à n’offrir dans leurs poèmes que des modèles de bonnes moeurs, et nous contrôlerons de même les autres artistes et les empêcherons d’imiter le vice, l’intempérance, la bassesse, l’indécence, soit dans la peinture des êtres vivants, soit dans tout autre genre d’image, ou, s’ils ne peuvent faire autrement, nous leur interdirons de travailler chez nous. »

En vertu de ces principes, Platon bannit tous les modes musicaux autres que le dorien et le phrygien, dont la gravité convient à des guerriers.

Il bannit la tragédie, dont les accents plaintifs pourraient amollir leur coeur ;

il bannit la bouffonnerie et même le rire, qui sied mal à la dignité qu’ils doivent conserver.

Homère même, qu’il aime, qu’il sait par coeur, qu’il cite sans cesse, ne trouve pas grâce à ses yeux, parce qu’il a peint les dieux aussi immoraux que les hommes, et il le renvoie de sa république, après l’avoir couronné de fleurs.

Peintres et Sculpteurs : des ignorants

Mais ce sont les peintres et sculpteurs dont il fait le moins de cas.
Comme leurs oeuvres ne sont que des copies incomplètes des objets sensibles, eux-mêmes copies des Idées, ils sont, dit-il, éloignés de trois degrés de la vérité ; ce sont donc des ignorants, inférieurs aux fabricants d’objets réels.

Qui pourrait être Achille ne voudrait pas être Homère.

L'esprit de système

En poussant à bout le raisonnement de Platon, il serait facile de lui faire dire que le cordonnier qui critiquait Apelle était supérieur à ce grand peintre.

Et voilà où l’esprit de système a conduit celui qui fut lui-même un des plus grands artistes de l’humanité.

 

L’Art : théorie de la mimésis


Les artistes imitent (mimésis=imitation) la réalité sensible.
Le sensible n’étant qu’une imitation de l’intelligible, l’art est donc une imitation d’imitation => Platon chasse les artistes de sa Cité idéale

.République, livre X, Garnier-Flammarion,trad. E. Chambry, 1966, p. 359 sq.

Cet artisan je parle n'est pas seulement capable de faire toutes sortes de meubles, mais il produit encore tout ce qui pousse de la terre [...], tout ce qu'il y a dans le ciel, et tout ce qu'il y a sous la terre, dans l'Hadès.
Voilà un sophiste tout à fait merveilleux ! [...]
Si tu veux prendre un miroir et le présenter de tous côtés tu feras vite le soleil et les astres du ciel, la terre, toi-même, et tous les êtres vivants, et les meubles, et les plantes, et tout ce dont nous parlions à l'instant.
Oui mais ce seront des apparences et non des réalités [...]
Mais tu me diras, je pense que ce que fait [le peintre, plus que tous les artisans] n'a point de réalité, n'est-ce pas ? et pourtant, d'une certaine manière, le peintre lui aussi fait un lit. Ou bien non ?
Si, répondit-il, du moins un lit apparent.
Et le menuisier ? N'as-tu pas dit tout à l'heure qu'il ne faisait point la Forme (eidos), ou, d'après nous, ce qui est le lit, mais un lit particulier ?
Je l'ai dit en effet.
Or donc, s'il ne fait point ce qui est, il ne fait point l'objet réel, mais un objet qui ressemble à ce dernier, sans en avoir la réalité [...]
Maintenant, considère ce point: lequel de ces deux buts se propose la peinture relativement à chaque objet: est-ce de représenter ce qui est tel qu'il est, ou ce qui paraît, tel qu'il paraît ? Est-elle l'imitation de l'apparence ou de la réalité ?
De l'apparence.
L'imitation est donc loin du vrai, et si elle façonne tous les objets, c'est, semble-t-il, parce qu'elle ne touche qu'à une petite partie de chacun, laquelle n'est d'ailleurs qu'un simulacre (eidôlon)...
Lorsque quelqu'un vient nous annoncer qu'il a trouvé un homme instruit de tous les métiers, qui connaît tout ce que chacun connaît dans sa partie [...], il faut lui répondre qu'il est un naïf, et qu'apparemment il a rencontré un charlatan et un imitateur.

 
Commentaires


Le Beau = Le Vrai. La vraie beauté est intelligible et non sensible.
Dans les objets sensibles, la beauté = l'utilité.
Le plus bel objet est celui qui convient le mieux à sa fonction ("principe de convenance").

voir Bozars sur gaogoa

 

Bibliographie

http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/logphil/auteurs/platon.htm

https://philo.alcimia.fr/28/bibliographie-sur-la-beaute-platon/